Red flags ? On s’en tape !

Il paraît qu’on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. La sagesse viendrait avec l’âge. Mais que se passe-t-il quand toutes ces expériences, toutes ces erreurs sont théorisées et intériorisées à l’excès, sans que cela n’ait la moindre conséquence dans la vie réelle ?

Je m’explique. Si je dois donner des conseils, je suis bon. Il m’est arrivé d’éviter à d’autres de faire des erreurs, même juste sur un détail instinctif. Et quand c’est pour moi, c’est foutu. Les émotions prennent le pas sur la raison. Alors, ça commence un peu comme ça :

Red flag 1 : pas grave, dérogeons. Red flag 2 : oui, certes on a déjà vécu ce problème, c’était insoluble, mais ici les sentiments sont différents. Red flag 3 : oui, mais quand-même, il y a un petit truc qui me dit d’y aller quand-même. Red flag 4 : oui, mais c’est un détail. Red flag 5 : ne nous inquiétons pas pour si peu; ça va passer avec le temps. Red flag 6 : ce problème concerne un lointain futur. Red flag 7 : ça se passe mal dans 99% des cas; oui, mais donnons-nous quand-même une chance, car on est peut-être dans le 1%. Red flag 8 : oui, mais on n’a pas vraiment d’autre solution, alors qu’on en a besoin tout de suite. Red flag 9 : c’est largement compensé par tous les Green flags qu’il y a aussi. Red flag 10 : ce serait mesquin, voire amoral de tenir compte de ce détail rédhibitoire.

Le temps passe. Tout va bien, sauf ces quelques gros détails futiles et ces petits riens intolérables. On profite et on souffre. Le temps passe. Puis, le temps passe. On se retourne et on voit un gouffre de temps perdu.

Au final, on sait pertinemment, dès le début, que l’on va se prendre le mur, mais on ne sait pas quand. On espère que cette fois ça ira quand même, qu’on aura de la chance, qu’on pourra s’en accommoder. Et puis, comme on a toujours un peu de chance et que la vraie vie n’est jamais aussi dramatique qu’on le croit, on ne se prend pas vraiment le mur.

La douleur est plus lente, insidieuse comme les effets secondaires du tabac, qui ne te tue pas en une nuit, mais en plusieurs décennies. Le phénomène est d’ailleurs identique : laisse-moi une petite bouffée de bonheur et on verra bien plus tard… Ainsi, au bout du compte, on se retrouve donc juste usé (ou est-ce le vieillissement naturel consécutif au temps perdu ?), déçu et de retour à la case départ.

Alors on repart de zéro, fort de notre précieuse expérience. Expérience qui nous permet de prédire avec toujours plus de précision pourquoi ce qu’on fait est une erreur stratégique, quels problèmes vont surgir et peut-être même quand ils deviendront insolubles. Dans tous les cas, on trouvera toujours les arguments pour s’autopersuader de ne pas se priver d’un petit bonheur temporaire.


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