Image d'une autoroute bouchée. Une voiture rouge essaie de sortir mais est stoppée par la police.

Sortir de la voie royale ?

Ma vie est toute tracée. J’ai grandi comme un enfant sage qui travaillait bien à l’école, j’ai fait ce qu’il fallait et « j’ai réussi ». J’ai une bicoque que j’habite avec mon officielle, qui dort dans son vieux lit de la chambre d’ami et avec mon gosse qui alterne entre adorable et totalement insupportable. J’ai bien sûr un bon boulot qui paie bien, ce qui signifie que le salaire nominal permet juste de couvrir les absurdes dépenses de logement et toutes ces dépenses obligatoires qui font de nous tous des esclaves.

Chaque fois que j’essaie de sortir de l’ennui mortel de cette vie sage, une force irrépressible m’en empêche. Pas un manque de courage, mais des gens qui s’interposent, des dates qui se collisionnent, des obstacles qui apparaissent par hasard, pile au moment où je pourrais quitter – ne serait-ce qu’un instant – la voie royale qui mène au trépas, après m’avoir conduit à ce simulacre de succès.

Ma vie ressemble ainsi à une belle autoroute toute neuve, bouchée en heure de pointe pendant le trimestre avant Noël, alors que la pluie vient de surprendre tout le monde en même temps. Et sur cette autoroute qui mène au déclin inéluctable et disparait dans un néant lointain, rien ne me permet ni d’accélérer, ni de changer de direction, ni de changer de voiture. Ainsi, je continue à m’épuiser en avançant en accordéon dans ce tempo dicté par les conducteurs du dimanche et les personnes âgées, parfois changeant futilement de voie, dans cette illusion de libre arbitre…


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